samedi 26 mai 2018

Arrête avec tes mensonges


"Le premier amour est toujours le fort, il reste la rive et le port."

C'est sur ces paroles de Michel Sardou que je commence cette nouvelle chronique car en effet, nous allons parler du premier amour, pas du mien bien évidement, mais celui de Philippe Besson.
Cependant qui dit premier amour, dit aussi premier chagrin.

2007, dans la bar d'un hôtel bordelais se déroule une interview, celui de Philippe Besson, auteur connu et reconnu dont le talent ne fait plus aucun doute. "Les passants de Lisbonne" son précédent roman aurait bien mérité également que je lui dédie une chronique et en profite pour tout simplement vous le recommander.

Mais revenons plutôt à ce bar d'hôtel car c'est là que commence notre histoire. Alors qu'il répond aux questions, toujours intéressantes, d'une journaliste, un jeune homme entre dans le hall de l'hôtel. Il ne peut s'empêcher de voir et regarder cet inconnu qui s'en rien faire vient de le chambouler.
Une force intérieure que nul n'aurait pu contenir le pousse à se lever et courir pour rattraper le jeune homme.

Son cœur s'emballe et ses yeux ne peuvent pas y croire. C'est bien lui et pourtant c'est impossible. Il est là, devant lui, son tout premier amour : Thomas.

Lui revient alors en mémoire de tendres mais aussi de douloureux souvenirs.

Dans les années 70, Sardou chante "La maladie d'amour" et dans son village charentais, le petit Philippe n'y échappe pas, cette douce maladie va s'emparer de lui.


Le petit charentais est un enfant frêle, aimant les livres et...c'est un jeune homme beau comme un dieu, qui s'en rien faire a mis le feu à sa mémoire, il est un homo comme ils disent.

Thomas préfère la compagnie des filles, un peu rebelle et surtout beau garçon, il fait tourner la tête de toutes les filles de son école.

Il a tout d'un amour impossible et c'est pourtant avec lui que Philippe Besson va découvrir ses premiers émois, les plaisirs du corps et son premier chagrin d'amour.

Qui est donc ce jeune homme qui lui ressemble tant ? Qu'est devenu cet amour de jeunesse ? 


Ce roman plein de tendresse et extrêmement touchant est disponible aux Editions Pocket.

dimanche 13 mai 2018

Quand Dieu apprenait le dessin


Loin d'être triste, Venise est l'une des plus belles villes que j'ai eu la chance de visiter.

À bord du vaporetto, nous conduisant des bords de l'Italie à cette éternelle République de Venise, nous faisons également un voyage dans le temps. Déjà au loin se dessinent devant nos yeux les plus beaux monuments de la cité : la Basilique Santa Maria della Salute, le palais des doges, le campanile et la place San Marco.


San Marco ! Saint Marc ! Quelle bizarrerie de voir cet évangélisateur de l'Égypte, le premier évêque d'Alexandrie être le saint protecteur de la cité des doges.

Une bizarrerie qui prend ses sources aux confins du Moyen-Âge, au IXe siècle.

Fondée des siècles plus tôt, la petite lagune de Venise est le fruit de quelques peuples s'étant réfugiés sur ces îlots pour se protéger des envahisseurs.

Petit à petit, Venise s'agrandit et se développe grâce au commerce. Ses habitants se révèlent être de formidables marins et leurs flottes l'une des plus puissantes d'Europe et du bassin méditerranéen.

Seulement, en ces temps troublés, la ville est menacée par la fragilité de l'Empire de Charlemagne, sombrant dans la barbarie depuis que son fils Louis le Chauve lui a succédé.
Rome et ses papes successifs aimeraient quant à eux prendre la main sur la riche cité vénitienne.

Justinien, alors doge de la ville, trouva un moyen de se protéger : doter la ville de reliques saintes, lui conférant ainsi un caractère sacré.



L'édification de Venise sur ces reliques était également une plus belle histoire à raconter que celle des fuyards.

Mais quel saint choisir ? Ce sera Saint Marc, bien que celui-ci n'ayant fait que passer dans la lagune, rapatrier les ossements du saint en terre chrétienne alors qu'ils reposent en terre musulmane est un symbole fort envoyé au monde.

Le tribun Rustico pratique, avec quelques décennies d'avance, un véritable commerce triangulaire.
Contre quelques pièces d'or ou des épices, il fourni aux phéniciens et aux égyptiens des esclaves qu'il se procure en Europe.
Durant l'un de ses voyages, il fait la rencontre du moine Thodoald qui se balance corde au cou à la branche d'un arbre. Des villageois en colère s'étaient persuadés que ce moine était responsable de la perte de leur récolte.
Sauvé de justesse, ce moine soiffard et lubrique lui sera à son tour de bon secours face à un tribunal ecclésiastique l'accusant d'hérésie.

De retour à Venise, Justinien lui confit cette mission exceptionnelle : voler au nez et à la barbe des musulmans les ossements de Saint Marc.
S'organise alors une expédition complètement folle. Accompagnés du Tribun Bon, voilà Rustico et Thodoald en chemin pour Alexandrie.
Comment arriver à leur fin ? Sortir les armes serait un suicide. C'est alors par la ruse qu'ils devront dérober les saintes reliques.


Dans un roman admirablement écrit, Patrick Rambaud nous fait revivre cette épopée palpitante que seul le Moyen-Âge pouvait nous offrir.

"Quand Dieu apprenait le dessin" est publié aux éditions Grasset.