Depuis "Code 93",
j’attends avec impatience chaque nouveau roman d’Olivier Norek. Il est un des auteurs que je veux toujours avoir en rayon dans les librairies où je travaille et que je conseille
avec toujours
autant de plaisir.
Avec "Entre deux
monde", nous n’aurons pas le droit à une enquête de Victor Coste, ni même
à un véritable policier. Olivier Norek signe ici plutôt un roman noir, mais
quel roman !
Nous plongeons au cœur d’un monde
que nous ne connaissons pas ou très mal, un monde sombre, rongé par la guerre,
la violence, la misère.
Tout commence en Syrie, dans un
pays coupé en deux. Adam, policier, veut faire fuir sa famille de cet enfer et
leur offrir un avenir meilleur en Europe. Il tente alors de faire passer sa
femme et sa fille clandestinement pour qu’elles puissent rejoindre Calais,
dernière étape avant l’Angleterre.
Mais comment les rejoindre ?
Comment savoir si ce qu’il a de plus précieux au monde est arrivé en vie, en
sécurité dans cette ville du nord au pays des droits de l’Homme ?
A son arrivé à Calais, sa femme
et sa fille ne sont pas là, les retrouvailles tant espérées n’ont pas lieu.
Adam va alors remuer ciel et terre pour les retrouver.
Et c’est au milieu de toute cette
noirceur que quelques lueurs d’espoirs et d’humanité vont apparaître. Ces
lueurs s’appellent Kilani, un garçonnet orphelin qu’Adam va protéger comme son
propre fils. Ousmane un migrant qui va lui apprendre et l’aider à survivre dans
ce monde étrange qu’est la jungle et Bastien, un policier français au grand
cœur qui va se lier d’amitié avec Adam.
Outre son histoire qui nous tient
en haleine de la première à la dernière page, « Entre deux mondes »,
nous montre une image de la jungle et des migrants, une autre image des
calaisiens et des policiers. Tous recouvrent la part d’humanité dont ils ont
été privés par le traitement journalistique et politique dont ils sont tous
victimes. Les migrants deviennent des personnes comme nous, des pères, des
mères, des enfants qui fuient avec pour seul espoir une vie meilleurs,
ailleurs. Mais parmi eux, se cachent aussi de mauvaises personnes. Les
calaisiens, de pauvres gens qui voient leurs commerces fermer, les touristes
partir et qui sont perdus au milieu de tout ça. Et derrière les uniformes des
policiers, des hommes qui s’étaient engagés pour défendre ceux qui en ont
besoin et qui ont le sentiment de ne plus le faire et supportent tant bien que
mal de devoir réaliser cette basse besogne.
Olivier Norek nous ouvre les yeux
sur ces mondes si proches et pourtant si loin de nous. Sans prendre parti, sans
être moralisateur, il nous fait voir la réalité en face. Et c’est un véritable
coup en pleine figure que nous prenons.