lundi 26 juin 2017

HHhH


Reinhard Heydrich, voilà un nom qui, s'il ne dit rien à beaucoup de monde aujourd'hui fit pourtant trembler l'Europe.

Dans une Allemagne brisée par le traité de Versailles et anéantie par la crise de 1929, le NSDAP va petit à petit monter en puissance et prendre le pouvoir ainsi qu'une poignée d'hommes que rien ne destinait à cette ascension. C'est de ceux-là que fait parti Heydrich. Après avoir été renvoyé de la marine allemande, il se retrouvera chargé du renseignement pour la SS de Himmler. Agent zélé, il sera récompensé par Hitler lui-même qui le promu adjoint du gouverneur de protectorat de Bohème-Moravie. Il s'y imposera comme le numéro un de cette région de l'Est qu'il va martyriser.

Décembre 1941, deux soldats tchécoslovaques sont parachutés par Londres près de Prague avec une mission : éliminer celui qui est surnommé le cerveau d'Hitler. C'est l'opération Anthropoïd.
C'est par un doux matin de printemps 1942, après des mois de préparation avec l'aide de la résistance locale, que Jozef Gabcik et Jan Kubis passent à l'action et neutralisent l'architecte de la solution finale.
C'est ce destin croisé d'un bourreau et de héros que Laurent Binet s'est quant à lui donné pour mission de nous raconter dans HHhH.

Outre l'opération qu'il nous détaille à merveille avec sa plume, ce sont également ses doutes qu'il nous décrits au fil des pages, tiraillé entre la fidélité aux événements et la nécessité de romancer pour pallier aux zones d'ombres et de ne pas faire de son livre un simple document historique.
Ce travail subtile fut, à juste titre, récompensé par l'académie Goncourt et reçu le prix du meilleur premier roman en 2010.

Déjà porté à l'écran, cette fois c'est le réalisateur de "Le French" Cédric Jimenez qui s'est emparé de l'opération Anthropoïd en adaptant le livre de Laurent Binet. Un scénario assez libre, car beaucoup plus romancé que le livre original.
Divisé en deux parties, celui-ci nous montre dans un premier temps la monté de Heydrich avant de nous montrer la préparation des résistants.
Outre les acteurs qui brillent par leur jeu, les images sont vraiment sublimes, un esthétisme presque dérangeant quand il s'agit de la barbarie nazie, émouvant quand il capte les émotions des acteurs ; le tout agrémenté d'une bande son merveilleuse. L'ensemble ne peut qu'émouvoir le spectateur.

Après avoir conseillé pendant des années le livre, je ne peux que conseiller de vous rendre dans les salles obscures et de lire ou relire "HHhH".


"HHhH" est disponible chez Livre de poche à 7,90€.

mercredi 14 juin 2017

Golem


Lorsque, quelques mois après mon retour de vacances de Prague, nous recevons en librairie un roman de Pierre Assouline, "Golem", aux éditions Gallimard, je reconnais sur le bandeau le fameux pont Charles. Me remonte alors de merveilleux souvenirs : l'ambiance des rues, le parfums d'une cuisine généreuse, cette langue emprunte de slave et qui me fait parfois penser au russe, mais surtout l'ukrainien.
Je décide, sans lire le résumé ce roman, d'emprunter ce livre en espérant voyager un peu et redécouvrir cette ville que j'ai tant aimé.

Loin de la capitale tchèque, le roman débute en France.

Un homme, Gustave Meyer, divorcé, une fille et joueur d'échecs internationalement reconnu se retrouve sur une table d'opération pour subir une intervention au neurologique, pratiqué par son meilleur ami.
À sa sortie, deux policiers l'attendent et lui demande de le suivre. Ce n'est qu'une fois dans la voiture qu'il va comprendre ce qu'on lui reproche ; le meurtre de son ex-femme.

À la suite d'un accident de voiture, il s'échappe de la voiture de police. C'est alors que commence une formidable course poursuite entre lui et une commissaire de police voulant à tout prix mettre la main dessus, nous entrainant dans un voyage à travers l'Europe, de l'Angleterre jusqu'à la cité vltavine.

Entre policier, ésotérisme et science fiction, ce roman qui mélange subtilement les genres poussent parfois à se poser des questions sur transhumanisme et entraine le lecteur dans une histoire à tiroirs où la révélation n'arrive qu'à la dernière ligne.

lundi 12 juin 2017

J'irai danser à Orlando


12 juin 2016, ils sont des centaines à vouloir aller danser. Ils ne savent pas encore que 49 d'entre eux entament cette nuit là leur dernière danse.

Comme à Paris, Londres, Nice, Bruxelles, sans oublier ces villes et villages du Moyen-Orient, d'Asie ou d'Afrique bien trop loin pour intéresser les tristes nombrilistes que nous sommes, la folie meurtrière d'une bande de sauvages ignorants va s'abattre sur Orlando.

Pourtant, cet acte n'est pas comme les autres, ce n'est pas notre mode de vie qui est attaqué, ce n'est pas non plus notre liberté de penser. Ce soir de printemps 2016, c'est bel et bien une orientation sexuelle, une "communauté" qui est visée : les LGBT.

Loin de moi l'idée de hiérarchiser les victimes. Quelques soit la couleur de notre peau, notre religion ou notre orientation sexuelle, chaque vie est précieuse.

Mais à Orlando, c'est un crime homophobe qui est perpétré. Un crime parfois ignoré par les médias, peu dénoncé par les hommes politiques, comme les atrocités qui se passent en Tchétchénie.

Revenons-en à nos moutons, comme le dirait le juge dans "La farce de Maître Pathelin".

Correspondant pour RTL aux États-Unis, Philippe Corbé s'est rendu immédiatement sur les lieux du drame afin de couvrir les événements qu'il retrace dans son livre "J'irai danser à Orlando".

Ce n'est pas un récit brut et sans âme, c'est un recueil de témoignages de jeunes gens, de leur famille, d'amis, de héros involontaires qui ont vécu l'horreur de l'intérieur.
C'est l'histoire de ce garçon dont la maman présente à ses côtés  s'est interposée entre le tueur et son fils, se sacrifiant dans un ultime geste d'amour pour lui sauver la vie.
C'est aussi cette mère racontant l'appel de son enfant qui sachant qu'il allait mourir voulait lui dire une dernière fois qu'il l'aimait.

Professionnel jusqu'au bout, jamais il n'a craqué avant, pendant ou après les prises d'antenne. Et pourtant ce livre résonne aussi comme un cri venu du cœur car l'auteur témoigne également du quotidien de son enfance, de sa vie et dénonce l'homophobie dite "ordinaire" et qui pourtant peut également tuer.

Avec Charlie, dessiner est devenu un acte militant, depuis le 13 novembre, boire est un acte de résistance, aujourd'hui dansons pour Orlando.

"J'irai danser à Orlando", de Philippe Corbé, un livre émouvant, publié chez Grasset.

lundi 5 juin 2017

Chut ! Ça reste entre nous

Un mois après la fin d'une campagne présidentielle riche en rebondissements et pauvre en idées, Renaud Saint-Cricq, Frédéric Gerschel et James nous proposent de revivre cette campagne hors-norme.

En nous faisant suivre la vie d'un journaliste politique fictif au journal "Citoyen", Pierre Bogart, ils nous emmènent dans les coulisses de la course à l'Elysée.

Les coups bas et les petites phrases assassines de nos hommes politiques, lancés dans leur QG ou durant des dîners, qui pour le coup ne sont pas fictifs (malheureusement), nous sont retranscrits dans cette BD.

Tout le monde en prend pour son grade et c'est assez jubilatoire.

Vive "Le journal du off" !
"Le journal du off" est publié aux éditions Glénat.